L’anatomie de l’œil :
Le cheval est l’animal qui possède l’œil le plus volumineux par rapport à son poids.
– L’orbite est la cavité dans laquelle est logé l’œil ; elle le protège des traumatismes.
– La paupière protège l’œil et permet d’étaler sur celui-ci le film lacrymal : sorte de gel qui permet d’hydrater l’œil.
– Ce film lacrymal est secrété par 4 glandes différentes, reparti sur l’ensemble de l’œil par les paupières, puis éliminé par les canaux lacrymaux.
L’œil est ensuite composé de plusieurs couches et de plusieurs compartiments :
– La cornée est la première couche du globe oculaire. C’est cette couche fragile qui nécessite d’être constamment hydratée par le film lacrymal.
– Derrière la cornée, se trouve un compartiment contenant l’humeur aqueuse, gel transparent constamment filtré et renouvelé. L’équilibre entre sa production et son élimination détermine une certaine pression (pression intra oculaire, qui est chez le cheval comprise entre 14 et 22 mmHg).
Un défaut d’élimination provoque une hypertension intra oculaire, appelée glaucome.
– En arrière du compartiment renfermant l’humeur aqueuse se trouve l’iris : cet organe est coloré (il donne la couleur des yeux). Il varie du doré au marron en passant par le bleu. Certains chevaux ont également les 2 iris de couleurs différentes, on parle d’hétérochromie, ou plus communément de cheval aux yeux vairons.
Le champ visuel :
L’œil du cheval est situé, comme pour toutes les proies, sur le côté de la tête, contrairement aux prédateurs dont les yeux sont situés à l’avant de la tête : cela lui permet d’avoir une vision plus large (et ainsi de pouvoir repérer les prédateurs) car son champ de vision monoculaire (d’un seul œil) est très étendu.
Chaque œil possède une vision à 146°, ce qui lui donne un champ de vision de 340° sur les 360°
qui l’entoure. La vision binoculaire, c’est-à-dire ce qu’il voit avec les 2 yeux en même temps couvre un champ de 65 °.
L’inconvénient de la position latérale des yeux est que le bout de son nez fait écran a sa vision frontale : le cheval, selon la position de sa tête ne peut pas voir une zone allant jusqu’à 2 m devant lui.
Lorsque le cheval pâture, sa tête est à la verticale ; il possède alors une zone aveugle juste en haut de son front, mais peut voir arriver de loin les prédateurs grâce à son vison monoculaire.
Pour fixer un objet précis au loin, il relève alors la tête, et peut se servir de sa vision binoculaire
(stéréoscopique) : cette zone aveugle est rejetée vers le haut.
Le cheval ne voyant pas le bout de son nez, il apprend à attraper une friandise qu’on lui tend par mordillement. Cette notion est importante dans son éducation, pour ne pas que le cheval se transforme en mordeur.
Néanmoins, le cheval possède pour compenser des « vibrisses », c’est-à-dire de longs poils sur le bout de son nez, extrêmement tactiles, qui lui permet d’identifier ce qu’il ne peut pas voir.
En plus de l’angle mort formé devant son front, le cheval possède un angle mort juste derrière lui, c’est pourquoi il est indispensable de lui parler pour se signaler lorsqu’on passe derrière lui sous peine de l’effrayer et de déclencher chez lui une réaction de défense comme une ruade.
Enfin, notons que la pupille du cheval est horizontale (contrairement à celle du chat par exemple, qui est verticale) : cela lui permet d’avoir une bonne vision panoramique, même lorsque la pupille est rétractée ( le myosis, c’est-à-dire la rétraction de la pupille a lieu lorsque la lumière est intense).
Acuité visuelle et accommodation :
L’acuité visuelle est la capacité de voir un petit objet situé le plus loin possible. Celle du cheval est 0.6 fois celle de l’être humain, 1.5 fois celle du chien et 3 fois celle du chat, c’est-à-dire que sa faculté à percevoir les objets éloignés avec netteté est bien moindre que celle de l’homme mais bien meilleure que celle du chien ou du chat.
Leur pouvoir d’accommodation (c’est-à-dire la capacité de changer la forme de leur « lentille », le cristallin, pour avoir une vision nette d’un objet quelque soit sa distance) est très limité : le cheval aura tendance à bouger la tête pour faire apparaître l’objet qu’il veut regarder dans la partie nette de son champ de vision.
On a longtemps avancé que les chevaux n’avaient pas la vision de la profondeur. Cette idée est fausse : même si cette capacité est bien moindre que celle de l’humain (car pour obtenir les impressions de profondeur, il faut se servir de la vision stéréoscopique, c’est-à-dire des 2 yeux), elle est pourtant suffisante pour que le cheval puisse juger de la hauteur et de la profondeur des obstacles qu’il aura à franchir.
Les prédateurs possèdent une vision de la profondeur beaucoup plus nette, car leurs yeux étant situés sur l’avant, le champ de vision binoculaire (avec les 2 yeux) est beaucoup plus large.
Lorsque le cheval fait jouer sa vision binoculaire, on peut voir ses oreilles se diriger vers l’endroit qu’il regarde.
On considère que chez les poulains, la vision est suffisante très rapidement, car on remarque que l’animal en bonne santé se cogne peu dans les premiers jours de sa vie.
Vision nocturne et vision des couleurs :
L’œil possède 2 types de récepteurs au niveau de la rétine, les bâtonnets et les cônes.Les cônes servent dans la lumière vive et les bâtonnets dans l’obscurité. Le cheval possède 20 fois plus de bâtonnets que de cônes : il possède donc une bonne vision crépusculaire (dans l’obscurité).
Il a cependant été montré que le cheval préfère vivre dans des zones éclairées et qu’ils ont peur du noir : les chevaux à qui on a appris à allumer la lumière de leur box le font volontiers.
Le cheval possède en outre une couche réfléchissante à l’intérieur de l’œil, qui permet de faire « rebondir » une partie de la lumière qui pourrait être perdue : on appelle cette couche réfléchissante le tapetum lucidum ; c’est elle qui est responsable de la réflexion de l’œil dans la nuit lorsqu’il est éclairé, par exemple par des phares.
C’est pourquoi on estime que le cheval doit pouvoir voir dans l’obscurité bien mieux que l’être humain, même si il n’y distingue pas bien les détails. Le passage d’une vision de jour (diurne) à une vision de nuit (nocturne) se fait lentement, car les bâtonnets doivent progressivement s’adapter : quand un cheval à la lumière du jour doit rentrer un van, il est probable que celui-ci représente pour lui un « trou noir ». C’est pourquoi les chevaux ont naturellement peur de monter dans un van. Un van éclairé de l’intérieur, permet de faciliter l’embarquement, tout comme le fait de laisser le aux yeux du cheval de s’habituer à l’obscurité.
La vision des couleurs chez les animaux est difficile à établir même si on sait aujourd’hui que les chevaux voient le monde en couleur. La vision de couleurs est liée aux cônes. La plupart des êtres humains possèdent 3 types de cônes(qui distinguent le rouge, le bleu et le jaune).
Cependant, certains d’entre eux ne possèdent que 2 types de cônes : ils pourront toujours voir les couleurs, mais auront des difficultés à distinguer 2 couleurs, comme le rouge et le vert par exemple.
Le cheval, lui aussi ne possède que 2 types de cônes (le cône « rouge » est absent). Il verra donc le monde en couleur, mais a probablement certaines difficultés à distinguer certaines couleurs l’une de l’autre, comme le rouge et le jaune par exemple.